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Fil Rouge : une bulle de liberté pour les personnes âgées et/ou fragilisées

09.06.2020

Marlo et Filiberte de Fil rouge - Photo: Carole Alkabes


Portrait d'association membre

Née en 2014, l’association Fil Rouge et ses duos de clowns interviennent dans les hôpitaux et institutions spécialisées du canton de Vaud pour offrir de la joie à des personnes âgées, handicapées ou fragilisées. L’équipe, qui compte aujourd’hui 4 clowns professionnel·le·s, a été spécifiquement formée à l’intervention en milieu hospitalier, gériatrique et psycho-gériatrique par Hôpiclown Genève en 2014. Aujourd’hui, elle agit régulièrement au sein de 5 institutions, en partenariat avec le personnel soignant. Utilité publique Vaud a souhaité mettre en lumière l’important travail de l’association et s’est entretenue avec Marylène Rouiller, clown et coordinatrice de Fil Rouge.

En quoi l’intervention des clowns auprès des personnes fragilisées est-elle importante ?

La mission première des clowns de Fil Rouge est l’amélioration de la qualité de vie en institution. Le quotidien des personnes fragilisées (souffrant parfois de troubles psychiques ou psychologiques) et des équipes professionnelles qui les entourent est très exigeant. Ces visites sont un apport non-médicamenteux très important pour leur équilibre émotionnel et leur moral. Notre présence amène de la joie et de la fantaisie. Les clowns permettent aussi aux émotions de se libérer et de réduire le stress, l’anxiété et le sentiment de solitude. Les clowns sont des êtres hors normes, ils·elles peuvent exister de manière non-conventionnelle et ainsi ouvrir des espaces de tolérance, de solidarité et d’égalité dans le quotidien des personnes qu’ils·elles rencontrent. Leur naïveté rend leur approche du monde et des gens totalement ouverte, sans jugement et souvent décalée. Cela soulage énormément les résident·e·s des institutions, ainsi que tout le personnel.

Comment se déroule la visite des clowns dans une institution ?

Chaque visite est effectuée par un duo de clowns. Nous arrivons dans le service en début de matinée et discutons avec un membre du personnel des soins ou de l’animation pour passer en revue les situations des différents résident·e·s que nous allons rencontrer. Il s’agit de récolter le maximum d’informations pour avoir des clés d’approche et connaître l’état physique et émotionnel de chacun·e (à noter que les clowns sont soumis au secret professionnel). Nous nous préparons ensuite pour l’intervention : nous nous maquillons, enfilons notre costume et nous échauffons. A partir de 10h, nous sommes sur le terrain et durant deux heures, nous jouons auprès des résident·e·s. Nous investissons tous les lieux ; prioritairement les chambres, mais aussi les espaces communs, les couloirs et même les ascenseurs. Pour apporter un moment de rire et de joie aux résident·es, nous avons à disposition plusieurs outils : le jeu, la musique, l’improvisation théâtrale, la danse ou encore la magie. Une fois la session de jeu terminée, nous remplissons un cahier de transmission documentant les événements de la matinée. Ce dernier sert de lien pour la prochaine visite. Le but est de mettre en place un travail sur la durée et à fréquence régulière pour évaluer les effets de notre présence.

Quelles sont généralement les réactions des résident·e·s ?

Tout d’abord, chacun·e est complétement libre de recevoir cette visite comme il ou elle l’entend. Si un·e résident·e ne souhaite pas nous voir, il·elle exprime sa liberté, ce qui est aussi un aspect positif et précieux de notre intervention.
Cependant, il y a très peu de refus de jeu. Les retours sont positifs, voire très positifs, dans 95% des cas. Nos visites amènent de la joie, qui s’exprime par des yeux qui brillent, des sourires aux lèvres. Certain·e·s résident·e·s dansent et bougent avec les clowns. Chaque moment partagé est particulier car il est le résultat d’une improvisation, rien n’est calculé d’avance. C’est tout un arc-en-ciel d’émotions que nous partageons avec nos bénéficiaires. Il s’agit vraiment d’un échange où le rire n’est jamais loin de sentiments très intenses. Dans les équipes professionnelles aussi, nous constatons que nos visites détendent l’atmosphère, dissipent même parfois les tensions.

Comment a évolué votre association depuis sa naissance ?

Au départ, nous travaillions uniquement avec le Centre de soins et de santé communautaire de Sainte-Croix sous l’égide d’Hôpiclowns Genève. Notre association s’appelait d’ailleurs Hôpiclowns Sainte-Croix. A la suite de notre formation qui s’est achevée courant 2014, nous avons conservé ce nom et ce lien avec notre association marraine encore une année et demie. En juin 2016, nous avons décidé de prendre notre envol et de devenir Fil Rouge pour donner à l’association une identité propre. Depuis, nous avons développé des partenariats avec d’autres institutions vaudoises.

Quels sont les défis de Fil Rouge au quotidien et sur le long terme ?

Le plus grand défi auquel nous sommes confrontés est la recherche de fonds, car certaines institutions ne peuvent pas financer entièrement nos visites. Nous sommes également constamment à la recherche d’autres institutions qui soient d’accord de payer la totalité du coût de nos prestations, sachant que nos clowns ne font pas de l’animation ponctuelle ; nous proposons un accompagnement régulier sur le long terme. Avant la pandémie de COVID-19, nous étions sur la bonne voie avec deux nouvelles organisations, mais nous avons malheureusement été freiné dans nos démarches – nous reprendrons les discussions dès que possible.

Qu’est-ce qu’Utilité publique Vaud apporte à votre association ?

Faire partie d’utilité publique Vaud nous permet de nous mettre en relation avec d’autres associations, ce qui est très précieux. Cela nous permet d’échanger de manière constructive sur nos activités et sur les difficultés que nous rencontrons. Nous avons par exemple à la suite de discussions entrepris de reformuler notre mission, ce qui a été essentiel pour être mieux compris par les nouvelles institutions auprès desquelles nous nous présentons. Nous avons également eu la chance de participer à deux reprises au speed meeting du mécénat social. Des expériences très enrichissantes remplies de belles rencontres !

Fil Rouge en chiffres

4 clowns professionnel·le·s
5 institutions partenaires
8 demi-journées d'intervention par mois
2 heures de jeu par visite


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