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L'Association vaudoise pour la médiation de voisinage vous accompagne dans le dénouement de vos conflits

30.11.2020


Portrait d'association membre

L’association vaudoise pour la médiation de voisinage (AsMéd-VD) voit le jour en 1993 sous l’impulsion de Philippe Beck, alors secrétaire au Centre Martin Luther King (aujourd'hui Centre pour l’Action Non-Violente ou CENAC) à Lausanne. À ce jour forte d’une quinzaine de bénévoles, l’organisation se penche en moyenne sur 100 cas de conflit de voisinage chaque année. Utilité publique Vaud s’est entretenue avec le fondateur de l’association, afin de mettre en lumière son travail notable sur le terrain délicat des relations entre voisins.

Quelle est la raison d’être, la mission d’AsMéd-VD et comment y répond-elle ?

La raison d’être de l’association est de développer et mettre à disposition de chaque Vaudois·e la médiation en tant que pratique d’aide à la résolution non-violente des conflits, par l’entremise de bénévoles dûment formés et suivis. La majeure partie du temps, les conflits se règlent grâce à un moment d’écoute attentive par téléphone. Pour la partie demandeuse d’aide, la satisfaction qui découle de cet instant, du fait de s’être sentie soutenue dans cette situation difficile et d’y voir plus clair, lui permet de continuer seule. Alors que dans certains cas, un passage par la mise en présence des parties au cours d’une ou de plusieurs séances de médiation (selon le nombre de personnes impliquées) est nécessaire. Encore faut-il que la partie adverse accepte l’esprit de la médiation : exprimer ses difficultés, sa souffrance, et entendre celles de l'autre.

Quand et comment l’association est-elle née ?

Le Centre Martin Luther King (CMLK) oriente son intérêt pour la médiation de voisinage dès les années 1980, lorsque la pratique commence à se développer en Europe sur le modèle des Community Boards de Californie. Les fondements d’AsMéd-VD sont posés quelques années plus tard, en 1992 : à mon retour d’un séjour sabbatique à Sydney, où je m’exerce à la médiation durant un an, le CMLK me donne le mandat d’étudier la possibilité de mettre en place des structures de médiation « de quartier » en Suisse romande. Comme l’initiative fut très bien accueillie, nous avons rapidement pu lancer l’aventure.

Quelles prestations offrez-vous aujourd’hui ?

Nous intervenons à l’occasion de tous types de conflits de voisinage, qu’ils se produisent au sein d’immeubles, sur le lieu de travail ou au cœur de la famille. Nos services concernent toute situation conflictuelle qui n’entre pas dans le cadre du droit et n’implique pas de décision juridique (droit de la famille, droit commercial, etc.). Il est possible de nous contacter par le biais de nos permanences téléphoniques le lundi soir et le vendredi matin ainsi que via notre site Internet.

Par quels moyens entrez-vous en contact avec les personnes qui pourraient être intéressées par les services que vous proposez ?

Outre notre site internet, nous nous attachons à multiplier les contacts avec les institutions qui sont usuellement les premières avisées de l’existence de conflits de voisinage. Il s’agit notamment des gérances immobilières, de la police et de la gendarmerie, des bureaux locaux et cantonaux consacrés à la famille, à l’égalité des genres, à l’intégration des personnes étrangères, etc. Parmi les régies immobilières, certaines ont accepté de placer notre carte de visite sur les panneaux d’affichage au bas de leurs immeubles.

Quels sont les effets de vos actions sur les bénéficiaires de vos services ?

Un résultat est assuré dans tous les cas. Qu'une médiation puisse avoir lieu ou non, les personnes qui nous contactent repartent avec le sentiment d'avoir pu être « enfin » écoutées. En effet, lorsque la partie antagoniste accepte d’entrer en médiation, une écoute réciproque est permise par la présence des deux parties lors de la ou des séances et débouche le plus souvent sur un accord à l’amiable. Lorsque ce n’est pas le cas, le fait d’avoir pu s’expliquer aura au moins permis de clarifier les choses. Quand la médiation n’est pas acceptée, il est fréquent que l’adversaire modifie tout de même ses comportements car il·elle est désormais conscient·e que le conflit pourrait « déborder vers d'autres acteurs » et donner lieu à un dépôt de plainte, par exemple.

Y a-t-il un « point critique », un « moment de bascule » commun à l’ensemble des situations de conflit qui poussent les personnes concernées à prendre contact avec vous ? 

Difficile à dire… Le sentiment d’impuissance est un point commun à un grand nombre de situations. Impuissance à se faire entendre par l’adversaire (quoique bien des gens qui nous contactent n'aient même pas tenté d'entrer en contact avec lui !), impuissance à faire réagir la gérance (très souvent avertie bien avant nous) ou la police (qui s'intéresse peu à ces cas qu’elle qualifie de « mineurs »).

Pouvez-vous nous parler d’un cas marquant qui s’est soldé par un franc succès ?

Oui, c’est le cas d’un comité d’association assez jeune dans sa composition actuelle et portant des responsabilités importantes. Ses fonctionnements encore peu explicites, couplés à une accumulation d’agacements et de mésinterprétations, ont mis le feu aux poudres. Mais parallèlement à cela, il existait un vrai désir perceptible chez chacun·e des membres du groupe de mieux se comprendre et de mettre en place des pratiques plus efficaces. Deux séances leur ont ainsi suffi pour retrouver une communication plus fluide, une certaine confiance et pour accepter l’idée qu’un comité a besoin de temps et de dialogue pour trouver sa cohésion.

Quels défis l’association rencontre-t-elle au quotidien et à quels défis prévoyez-vous de devoir faire face sur le long terme ?

Le réflexe encore très majoritaire étant de s'adresser d'abord à sa gérance immobilière ou à la police, les différends nous sont souvent confiés trop tard. Après 3, 5 ou même 20 ans de conflit, il est devenu terriblement ardu de le résoudre parce qu’il aura eu le temps de s’enrichir de nombreux épisodes épineux… Le principal défi dont nous nous saisissons est donc faire connaître la médiation et d’éveiller les consciences au fait que les conflits font partie intégrante de la vie et qu'il est sain de se faire aider à les traiter de manière pacifique.

Plus prosaïquement, un autre défi auquel nous faisons face provient de la disparition des téléphones fixes et du recensement systématique des numéros dans l'annuaire au profit des téléphones portables, dont le numéro est souvent introuvable. Cette évolution complique fortement la prise de contact avec la partie opposée à la partie demandeuse. Et selon notre expérience, l’envoi d’une lettre est bien moins convaincant qu’un coup de fil chaleureux…

Comment voyez-vous votre association dans 10 ans ? 

À vrai dire, sans grands changements. Depuis 1994, nous n'avons cessé d'apporter des modifications marginales à nos pratiques, mais elles concernent essentiellement la gestion et l'informatique. Les principes d'une médiation, à l'évidence, n'ont pas changé. Tout au plus pouvons-nous rêver que les instances publiques nous aident à mieux faire connaître cette pratique.

Comment avez-vous intégré Utilité Publique Vaud et que vous apporte-t-elle ? 

Nous n’avions pas connaissance d’Utilité Publique Vaud avant qu’elle nous signale son existence en 2019. C’est avec plaisir que nous y avons adhéré dans l'idée que cela pourrait contribuer à nous faire connaître, des autres membres d'abord, puis du grand public par le biais d’initiatives telles que la publication des portraits d’associations, par exemple.

Souhaitez-vous profiter de cette opportunité pour faire passer un message supplémentaire ?

Je souhaiterais demander à toute personne qui aura lu ces lignes de nous aider à faire connaître la médiation : elle existe, elle est facile à obtenir, elle est peu coûteuse, rapide et permet de revenir à des relations pacifiées avec un minimum d'efforts réciproques.

AsMéd-VD en faits et chiffres

1993 date de création
15 bénévoles
100 demandes d’aide par an
1 mois pour traiter un conflit par le biais d’une séance de médiation
5 à 10 cas par an se résolvent par une ou plusieurs séances alors que pour la majorité,
1 moment d’écoute attentive par téléphone permet de démêler le problème


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